La mise en scène pour vaincre l’épuisement professionnel

Le rideau s’ouvre.  L’intérieur d’un appartement. Une jeune femme entre en scène et s’assoie dans  le canapé... Dans le cadre des Semaines de la Santé Mentale 2017 qui ont eu  lieu du 13 au 26 mars sur le thème « Santé mentale et travail », la  comédienne Marie-Anne Clarens jouait la pièce « Popote Au foyer ». Mais en  guise de théâtre, les planches sont celles de la salle des fêtes  d’Argenton-sur-Creuse, pour une représentation placée sous l’égide de la  Clinique du Haut-Cluzeau, à Chasseneuil (groupe CLINEA). Le pitch de la pièce est simple. Popote est une femme dont le travail se  situe « au foyer ». Elle vient brutalement de perdre son mari. S’ensuit un  effondrement psychique en lien avec ce décès mais aussi l’annonce de la  ruine. Lorsqu’elle reprend conscience, elle se découvre attachée sur un lit  d’hôpital, d’où tout lui semble effrayant et inhospitalier. Le médecin lui  annonce qu’elle vient de vivre un burn-out un peu particulier… Elle reprend  confiance à l’atelier théâtre, au point de ne plus vouloir sortir du cocon de  l’hôpital. Mais la réalité la rattrape et elle se retrouve bientôt au  tribunal : elle doit se défendre de n’être en rien responsable de la mort de  son mari. Cependant, sa transformation est amorcée. Elle est prête à  affronter sa vie plutôt que de la subir. « Parfois nous sommes étriqués  dans des croyances sociales quant à notre rôle, notre manière d’être ou de  faire, commente Jenny Villaudière, directrice à la Clinique du  Haut-Cluzeau. Oser les remettre en question est une étape libératoire. Souvent,  c’est une crise dans notre vie qui nous permet d’oser ce changement ».

Le burn-out de Popote  fait le lien entre cette pièce de théâtre et le thème « Santé mentale et  travail » choisi cette année pour les Semaines d’information sur la santé  mentale. « Même si elle n’était pas employée, analyse Jenny  Villaudière, elle s’est oubliée dans sa mission de femme au foyer, vivant  par procuration plutôt que pour elle-même, asservie sans s’en rendre compte  aux attentes de son environnement, sans pouvoir poser de saines limites  ». Cette pièce de théâtre est un monologue en trois actes, écrit par William  Etiève, sur une idée originale de Marie-Anne Clarens. La fiction est un biais  utile pour mettre l’accent sur des drames de moins en moins exceptionnels et  qui peuvent toucher chacun d’entre nous. Prendre du recul sur ces sujets  encore tabous grâce au théâtre permet à la fois aux malades de mieux accepter  leur sort et à leur entourage de mieux comprendre cette maladie. Elle vient compléter une série de manifestations organisées lors de cette  édition 2017 par la clinique. Au programme notamment, des ateliers publics de  méditation en pleine conscience pour la réduction du stress, l’exposition «  Plurielle » qui présente des œuvres réalisées par des artistes malades et non  malades et la projection d’un documentaire réalisé par Olivier Latissière,  directeur de la pension de famille SOLIHA (Châteauroux). Celui-ci illustre le  parcours de vie d’un patient et l’impact de la maladie sur la vie  professionnelle. « L’intérêt des Semaines d’information sur la santé  mentale (SISM) consiste à informer et sensibiliser le grand public aux  problématiques de santé mentale, à rassembler les professionnels et les  usagers autour d’un projet mais aussi à dé-stigmatiser les malades »,  résume Jenny Villaudière.